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2024 AUTUMN

Le berceau de la musique indé coréenne

S’agissant de musique indépendante coréenne, on ne saurait omettre d’évoquer les fameux live clubs du quartier de Hongdae, ces établissements où se produisent des groupes de musique depuis le début des années 1990. Outre qu’ils ont favorisé la création dans ce genre particulier, ils ont encouragé les jeunes musiciens qui y débutaient en leur fournissant des lieux de représentation, mais aussi de rencontre et d’échange, l’ensemble s’avérant bénéfique au renouvellement de toute la scène musicale coréenne.

Le quatuor Dabda se produira au Club BBang lors de l’édition d’octobre prochain du Live Club Day, ce festival de musique où un passe unique permet d’accéder à plusieurs clubs. Cette formule originale est bien adaptée au grand nombre de salles qui se concentrent dans le quartier de Hongdae et font sa spécificité.
© indieinsomnia

En cette chaude journée d’été,
Un monde différent du mien se dévoilait.
Sous le soleil brûlant, dans la rue en désordre,
Des enfants jouaient à s’éclabousser.

C’est sur ces paroles que s’ouvre la chanson On That Hot Summer Day qui figure dans l’album The Lost Age enregistré en 2001 par le duo de rock alternatif Weeper. À ses débuts, qui datent des premiers mois de l’été 1996, voilà donc pas moins de vingt-huit ans, cette formation a participé d’une évolution musicale marquante pour le quartier de Hongdae. Le 25 mai de cette même année, l’un de ses principaux parkings allait être converti en scène de spectacle et résonner d’un son nouveau aux rythmes agressifs. Ses jeunes musiciens, que d’aucuns qualifiaient de « voyous », arboraient crêtes iroquoises et vêtements de cuir bardés de chaînes. Dans le public, nombreux étaient ceux qui ne percevaient dans leur musique qu’un vacarme épouvantable, tandis qu’E. Z. Hyoung, le chanteur principal de Weeper qui assistait à la représentation, allait y voir « un monde différent du [sien] ». Le style en question n’était autre que le « punk » et son irruption mémorable sur cette scène coréenne allait porter le nom de « Street Punk Show ».

Jusque-là quasi inexistant en Corée, ce genre apparu sur la scène mondiale à la fin des années 1970, comme ses principaux représentants, tels les groupes Sex Pistols et The Clash, demeurait méconnu du grand public. Le Street Punk Show allait donc marquer un tournant en introduisant ce style de musique underground sur la scène de Hongdae et en permettant à ses jeunes artistes de gagner suffisamment d’assurance pour oser sortir de l’ombre. Cet événement a été immortalisé par la chanson On That Hot Summer Day d’E. Z. Hyoung et 1996 a fait époque comme année de naissance de la musique indépendante coréenne, ainsi que le Street Punk Show, comme l’un des moments clés de l’histoire de Hongdae.

L’essor des live clubs

Les jeunes spectateurs de ce Street Punk Show qui avait tant choqué à l’époque fréquentaient assidûment le Drug, un club dit « live » qui avait ouvert en juillet 1994 et se limitait à un bar où l’on venait boire un verre en écoutant de la musique. Au printemps suivant, le concert qui allait s’y tenir en hommage à Kurt Cobain, le chanteur principal de Nirvana qui s’était donné la mort un an plus tôt, allait lui donner une toute nouvelle vocation de scène de concert. Dans le public de ces spectacles réguliers, il arrivait que des musiciens amateurs y ayant assisté se produisent à leur tour quelques mois plus tard, à l’instar de ceux du groupe Crying Nut qui a fait ses débuts sur cette scène.

À partir de la fin de la première moitié des années 1990, la musique indépendante s’imposera en tant que genre faisant partie intégrante de la création musicale coréenne. Dans le quartier de Hongdae, cette nouvelle tendance portée par la jeunesse favorisera l’apparition d’un grand nombre de clubs live tels que Rolling Stones, l’actuel Rollinghall, Master Plan, Blue Devil, Spangle, Jammers, Club BBang ou Freebird, puis elle s’étendra aux quartiers voisins de Sinchon et de l’université féminine d’Ewha.

La scène musicale indépendante n’a pas manqué d’éveiller la curiosité des médias grand public et de la presse, qui, intrigués par ces nouveaux groupes ayant pour noms singuliers Sister’s Barbershop, Herbuxy Band ou Hwang Shin Hye Band, ont rapidement pris la mesure de la propagation du punk coréen, de l’engouement qu’il suscitait et du nouveau paysage de la vie nocturne.

Les nombreux clubs de Hongdae allaient se spécialiser dans des genres particuliers ne se cantonnant pas au punk, mais comportant aussi le rock moderne, le hip-hop ou la musique électronique. Ils avaient parfois leurs groupes attitrés comme Crying Nut, No Brain ou Weeper, qui se produisaient régulièrement au Drug, tandis que Sister’s Barbershop et My Aunt Mary étaient associés au Spangle. Ces établissements allaient jusqu’à faire enregistrer des albums par leurs groupes habituels, à l’image de Drug, qui a produit la série intitulée Our Nation en 1996, de Jammers, pour Rock-a-doodle-doo: Rock Live Club Band Collection en 1997, ou de Rolling Stones, producteur de The Restoration en 1998. Ce faisant, ils ont incontestablement été à l’origine des évolutions de la scène indé coréenne des années 1990.

Fans de musique consultant le programme du jour devant le Club BBang qui, depuis sa création en 1994, propose une grande variété de spectacles de folk et de rock moderne. Il réalise également une activité de production en permettant à ses musiciens résidents d’enregistrer des compilations de leurs créations, ce qui a valu à l’un d’eux un Korean Music Award décerné en 2008.

Un passage obligé pour futures stars

Les années 2000 ont vu se développer une industrie du spectacle qui a peu à peu supplanté les clubs dans la production d’albums en créant ses labels. Pour les groupes qui se produisaient principalement dans les clubs, il convenait désormais de passer contrat avec une agence de spectacle pour espérer connaître le succès et la scène indé se structurait ainsi comme les autres. Quelques clubs ont bien tenté de lancer leur propre label, mais en vain, car leurs difficultés de trésorerie les ont contraints à fermer leurs portes au profit de nouveaux venus.

Des nombreux clubs ouverts dans les années 1990, seuls le Rollinghall et le Club BBang allaient survivre, puis être rejoints par de plus récents tels que Strange Fruit, Unplugged, Club FF ou Jebi Dabang et, si ces derniers n’ont pas recréé l’atmosphère des anciens clubs de musique live, ils résultent de l’évolution normale du monde du spectacle.

En dépit de ces transformations, les clubs de musique live de Hongdae servent encore de tremplin aux nouveaux groupes indé qui se démarquent du genre solidement installé de la K-pop. Chacun de ces établissements affirme son identité en faisant se produire les représentants de son style musical de prédilection. Après une longue période d’inactivité, le groupe de shoegazing Zzzaam donnait ainsi dernièrement son concert de retour sur scène dans ce même Club BBang où il a fait ses débuts et qui accueillait aussi régulièrement des spectacles de Kwon Jung-yeol, alias 10CM, aujourd’hui célèbre.

Le Strange Fruit se distingue quant à lui par l’extrême originalité des artistes qu’il accueille, tandis que le Club FF continue de diffuser l’énergie intense du rock et que le groupe indépendant Jannabi, qui y jouait autrefois devant quelques dizaines de fans, remplit aujourd’hui des salles de dizaines de milliers de spectateurs.

Espace culturel consacré à la musique indépendante, Unplugged comporte un café situé au rez-de-chaussée et une salle de concert en sous-sol. Dans une atmosphère conviviale, le premier propose des cocktails avec séances d’autographes par les artistes qui s’y produisent, dont l’auteur-compositeur-interprète Kim Sawol.

Ouvert en 2012 et situé à Sangsu-dong, l’espace culturel Jebi Dabang se veut créateur de lien par le biais de l’art et les artistes apprécient de participer aux spectacles ou autres manifestations qu’il organise tous les week-ends grâce à des dons.

Des échanges musicaux avec l’extérieur

À l’époque du déclin de Hongdae, ceux de ses clubs qui subsistaient ont, face à cette situation, décidé de rétablir le Live Club Day, ce festival de musique créé en 2004 sous le nom de Sound Day. Il visait, à l’origine, à soutenir les clubs et groupes en difficulté en réunissant pour l’occasion tout ce que le quartier et ses environs comptaient de talents. Suspendu en 2011, il allait reprendre quatre ans plus tard et, après quelques problèmes rencontrés dans les premiers temps, s’imposer durablement en tant que rendez-vous mensuel incontournable. Le passe qui y est délivré aux spectateurs leur permet en principe d’accéder à plusieurs des lieux de concert, mais son succès est tel qu’il est devenu presque impossible de se procurer l’un de ces précieux sésames. Toujours grâce au soutien apporté par les clubs live, cette année a également vu la création de l’Asian Pop Festival, qui fait appel à des musiciens de différents pays d’Asie ayant déjà participé à des manifestations musicales à Hongdae.

Les professionnels de l’industrie mondiale de la musique s’accordent en général à considérer que le quartier de Hongdae n’a pas son pareil ailleurs par la quantité de clubs de musique live qui s’y concentrent.

Comme le Live Club Day mensuel de Hongdae, le festival annuel de renommée internationale Zandari Festa bénéficie de ce rare privilège. Ce dernier, qui porte l’ancien nom du quartier de Seogyo-dong situé au cœur de Hongdae, se tient en automne et propose, sur une durée de trois jours, des représentations de musiciens de renommée mondiale. À cette occasion, les artistes étrangers peuvent découvrir les lieux emblématiques de Hongdae et les spectacles de ses musiciens indépendants, qu’ils inviteront plus tard à se produire dans le cadre de grandes manifestations internationales. Plusieurs artistes coréens se sont ainsi vu offrir la possibilité de participer à des festivals aussi prestigieux que le Glastonbury Festival et le Liverpool Sound City britanniques, ou encore le South by Southwest (SXSW) américain.

Ces derniers temps, il se dit qu’« un boom des groupes est imminent » et nombreux sont ceux qui reprennent en chœur ce refrain. Sans pécher par excès d’optimisme en envisageant qu’une telle explosion puisse effectivement se produire, on peut affirmer que, dans ce cas, elle sera en grande partie l’œuvre des clubs de musique live. À preuve, les formations actuellement les plus célèbres que sont SE SO NEON, Silica GEL, Jannabi et Hyukoh ont toutes débuté leur carrière sur les scènes des clubs de Hongdae, ce berceau incontesté de la musique indépendante coréenne.

Au cœur d’une zone allant de l’entrée de l’université Hongik à la station de métro Sangsu, se concentrent des lieux de divertissement : clubs proposant des concerts et salles où se déroulent danses ou pièces de théâtre en font un véritable pôle de la vie culturelle.

Créé en 2004, le Club FF n’a pas tardé à se faire un nom en faisant alterner concerts live et soirées DJ, ce en quoi il s’inscrivait en rupture avec le clivage habituel d’alors entre clubs pour la danse et pour les concerts. De célèbres groupes coréens s’y sont régulièrement produits en presque vingt ans d’existence de ce lieu, dont Crying Nut et No Brain.
© indieinsomnia

Kim Hak-seon Critique musicale
Han Jung-hyun Photographe

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