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2022 WINTER

Des productions axées sur la qualité

L’essor que connaissent les K-dramas dans leur diffusion comme par leur diversité place désormais sur le devant de la scène
leurs réalisateurs dont le rôle passait jusqu’ici au second plan par rapport à celui des scénaristes. La création de séries télévisées
en association avec leurs homologues du septième art bénéficie ainsi d’un double apport d’idées et d’originalité qui ne manque pas de séduire le public coréen et étranger.

(De gauche à droite)
Les réalisateurs Yeon Sang-ho, Lee Jae-kyoo, Lee Eung-bok et Hwang Dong-hyuk, auxquels sont respectivement dus les K-dramas Hellbound, All of Us Are Dead, Sweet Home et Squid Game.
© Netflix



Aux yeux de bien des Coréens, une série télévisée est en tout premier lieu l’œuvre de son scénariste et lorsqu’ils se demandent qui l’a créée, ils pensent donc à ce dernier, non à son réalisateur.
L’inverse peut évidemment se produire, comme dans le cas de Dae Jang Geum, ou Le joyau du palais, dont le succès tant national qu’international a marqué les débuts de la fameuse vague coréenne et fait connaître son réalisateur Lee Byung-hoon. Si la notoriété de tels professionnels suffit aujourd’hui à attirer le public vers leurs créations, ils n’en demeurent pas moins perçus avant tout comme des directeurs d’exploitation.
Il va sans dire que la place occupée par les scénaristes n’est pas appelée à se réduire, car l’élaboration d’un scénario et d’une intrigue bien construits requiert des compétences spécifiques à toutes les étapes. Toutefois, s’agissant de la production de séries, le paysage télévisuel a évolué dans un sens qui tend à accorder une importance croissante au réalisateur.
À l’époque où la production de séries télévisées ne représentait pas l’enjeu qui est le sien aujourd’hui, leurs réalisateurs, aux côtés des acteurs et scénaristes, se contentaient d’en livrer les épisodes dans les plus brefs délais et au moyen de budgets modestes, mais l’essor et la diversification du secteur les contraignent actuellement à redoubler de créativité et d’efficacité.


 

Des genres plus divers, une diffusion accrue
Dans les années 1990 et jusqu’au début de la décennie suivante, la production de K-dramas était surtout assurée par les chaînes elles-mêmes, mais la multiplication des produits culturels coréens qui inondaient les marchés chinois, japonais et du Sud-Est asiatique allait favoriser peu à peu l’apparition de sociétés de production indépendantes toujours plus présentes par leur rôle et leurs investissements.
Afin de disposer de fonds suffisants à la production de séries, les détenteurs des droits de diffusion et de distribution en streaming mettent ceux-ci en vente avant même le début du tournage. Diffusée en 2016 sur la chaîne KBS2, la célèbre série Descendants of the Sun représente un cas d’espèce, puisqu’elle a bénéficié d’un budget de 13 milliards de wons, soit environ 10,4 millions de dollars, alors que n’avait pas encore débuté sa diffusion simultanée en Corée et en Chine. Tandis que les scénaristes hésitaient jusque-là à se lancer dans des projets à gros budget, ils allaient pouvoir donner libre cours à leur imagination du fait de cette commercialisation anticipée, s’essayer à des genres aussi différents que les thrillers, le film policier, la science-fiction ou le fantastique et exiger certaines dépenses importantes, notamment pour le tournage de scènes à l’étranger.
La série Descendants of the Sun a aussi marqué un tournant en accordant davantage de place à son réalisateur. Pour sa scénariste Kim Eun-sook, allaient lui succéder une autre à caractère fantastique intitulée Guardian : The Lonely and Great God, puis une autre encore, Mr. Sunshine, Lee Eung-bok ayant assuré la réalisation de ces trois créations réussies qui allaient le rendre célèbre. Par la suite, il allait étendre son répertoire au genre de l’horreur en réalisant la série Sweet Home pour Netflix, qui allait la diffuser en 2020.



Scène de la série d’horreur Sweet Home, qui marque une rupture de genre chez le réalisateur Lee Eung-bok et montre à quel point la régularité du financement favorise l’innovation dans la création.© Netflix

Une double évolution
Les cinéastes coréens s’abstenaient jusqu’ici de travailler sur des séries télévisées en raison de leurs délais de production particulièrement courts, mais l’avènement du streaming vidéo et de méthodes de pré-production plus efficaces allait les encourager à s’y aventurer. Aujourd’hui, le rôle d’un réalisateur ne diffère plus autant qu’avant selon qu’il travaille pour le cinéma ou la télévision et nombreux sont les professionnels qui allient ces deux secteurs d’activité aujourd’hui très proches.



Bae Doona joue le rôle d’une infirmière dans la série d’horreur Kingdom, où le réalisateur Kim Sung-hoon innove par ses personnages inhabituels de morts-vivants et par certaines situations propres au mode de vie du royaume de Joseon sous lequel se déroule l’action de cette œuvre.
© Netflix

Yoon Jong-bin, ici en train de préparer les acteurs au tournage de l’une des scènes de la série télévisée Narco Saints, a démontré sa grande maîtrise du genre dans cette première création où, comme dans l’ensemble de son impressionnante filmographie, il manifeste une préoccupation pour la manière dont les individus peuvent s’adapter aux changements rapides du monde.
© Netflix



En effet, nombre d’entre eux ont livré des K-dramas dont Netflix a assuré la réussite internationale, notamment par d’importants investissements, comme dans le cas de Kingdom dû au réalisateur Kim Sung-hoon, qui allait aussi s’illlustrer par le thriller d’action A Hard Day sorti en 2014 et présenté à la Quinzaine des réalisateurs du 67e Festival de Cannes.
Quant à Hwang Dong-hyuk, qui s’est vu décerner un Emmy Award l’année dernière pour la série à succès Squid Game diffusée sur Netflix, il avait auparavant réalisé les films Miss Granny et The Fortress, lesquels ont respectivement fait l’objet de nombreuses adaptations étrangères et été récompensés dans plusieurs festivals coréens comme étrangers. Réalisateur de Narco-Saints pour Netflix, Yoon Jong-bin l’est aussi de Nameless Gangster: Rules of Time et de Spy Gone North, qui lui ont valu de remporter nombre de distinctions dans de prestigieux festivals du film.



Le réalisateur de Hellbound , Yeon Sang-ho (à droite), donne les dernières instructions à l’acteur Yoo Ah-in avant une prise de vue. Après avoir étudié les beaux-arts, il a embrassé une carrière de réalisateur et de scénariste au septième art et à la télévision, ainsi que pour des films d’animation et webtoons.© Netflix

Lee Jae-kyoo faisant part d’une idée à l’actrice Park Ji-hu lors du tournage d’ All of Us Are Dead, cette série de morts-vivants apocalyptique où le réalisateur manifeste un grand souci du détail, jusque dans la couleur des uniformes scolaires, dont le vert fait particulièrement ressortir le rouge des taches de sang.
© Netflix



Le changement ne s’est pas uniquement opéré dans ce sens, puisque le producteur de séries d’animation Yeon Sang-ho a fait une entrée réussie au septième art en remportant un succès retentissant avec son film de morts-vivants Train to Busan sorti en salle en 2016, puis avec une série réalisée en 2021 pour Netflix, Hellbound, que la critique étrangère allait qualifier de « fantastique noir » ou « fantastique horreur ».
Enfin, le réalisateur Lee Jae-kyoo, qui avait débuté au petit écran par des séries telles que Damo: The Legendary Police Woman (2003) et Beethoven Virus (2008), toutes deux primées, il allait bifurquer vers le cinéma et y rester de 2010 à 2018 avant de revenir à la télévision en produisant pour Netflix la série de morts-vivants All of Us 2 dont le succès remporté cette année appelle déjà une deuxième saison.
Époque marquée par le renouveau des séries coréennes, les années 1990 ont vu la production d’œuvres à caractère principalement sentimental ou familial, mais, au cours de la décennie suivante, l’Internet et la télévision par câble allaient permettre de découvrir des œuvres étrangères de genres plus divers que ne pouvait en proposer le paysage audiovisuel coréen.
Le cinéaste Ahn Pan-suk allait s’inscrire dans cette tendance par sa brillante réalisation de Behind the White Tower (2007), une adaptation au petit écran du roman japonais éponyme de Toyoko Yamasaki. Cette série de docteurs et infirmières sans la moindre teneur sentimentale n’allait pas moins susciter l’engouement et inspirer d’innombrables productions du même ordre consacrées aux avocats ou aux détectives privés par des réalisateurs qui privilégiaient une recherche de perfection au détriment de l’authenticité des situations.
Kim Won-suk en fournit une bonne illustration, car, après s’être centré sur la réalisation de dramas dans les années 2000, il allait par la suite séduire le public en révélant une sensibilité et une minutie remarquables dans des productions telles que Sungkyunkwan Scandal ou Misaeng respectivement inspirées d’un roman sentimental et d’un webtoon. En outre, ses séries Signal et My Mister, l’une appartenant au genre policier fantastique rétro et l’autre de type dramatique, allaient captiver les téléspectateurs par leur action forte en émotion qui se déroulait de nuit dans les rues de Séoul. Dans Arthdal Chronicles, son imagination allait effectuer un bond en arrière pour transporter le public dans les temps préhistoriques et en des lieux jamais évoqués jusque-là. Par la création de ces œuvres, les réalisateurs coréens de séries télévisées coréennes étendent ainsi le champ des domaines susceptibles d’être abordés.
Figurant lui aussi parmi les réalisateurs incontournables, Yoo In-sik livre des séries réalisées avec méthode et précision qui n’en expriment pas moins une intense et sincère émotion. Contrairement à la plupart des autres K-dramas, qui se limitent pour la plupart à une saison, les séries de ce réalisateur sont d’une durée plus longue, à l’instar de Mrs. Cop et Romantic Dr. Kim, qui en comportent deux, auxquelles doit s’ajouter une troisième dans le cas de cette dernière. Intitulée Extraordinary Attorney Woo, la plus récente se classait parmi les dix situées en tête du classement mondial établi par Netflix et sa deuxième saison devrait être diffusée prochainement.



Le réalisateur Yoo In-sik s’entretient avec l’actrice Park Eun-bin avant le tournage de l’une des scènes d’ Extraordinary Attorney Woo, ce K-drama qui, après toute une série de succès ayant marqué sa carrière après ses débuts en 2003, vient démontrer une fois encore à quel point est précieux l’apport de professionnels expérimentés.
© ASTORY



Outre la mise en scène proprement dite, le jeu des acteurs suscite aussi la plus grande attention chez les réalisateurs de K-dramas, ce facteur jouant un rôle déterminant aux yeux des téléspectateurs, juges en dernier ressort du succès d’une série. Il incombe donc au réalisateur de savoir créer une synergie optimale entre ces artistes et les personnages qu’ils incarnent.
Cette année, la consécration de Hwang Dong-hyuk et de Lee Jung-jae aux Emmy Awards de la télévision américaine ne devait donc rien au hasard en les récompensant respectivement par les prix du meilleur réalisateur et du meilleur acteur de série dramatique pour Squid Game, qui représente l’aboutissement d’une excellente collaboration entre acteurs et réalisateurs.

Jung Duk-hyunCritique de culture pop

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