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2024 SUMMER

Une « Social Venture Valley » coréenne

Depuis dix ans environ, le quartier de Seongsu-dong représente un important pôle d’attractivité pour les entreprises ou organismes sociaux et participe ainsi de la construction d’une « Social Venture Valley » coréenne.

Avec l’aimable autorisation de Root Impact

Comment échapper aux arnaques des locations ?
Que faire face aux anomalies climatiques ?
Peut-on vraiment changer le monde ?

Voilà quelques-unes des questions que découvre le visiteur sur un tableau d’affichage, à l’entrée de l’espace de travail collaboratif HEYGROUND. Situé au cœur du quartier de Seongsu-dong, il est aussi connu sous le nom de « Phare de Seongsu-dong », car les lumières y restent allumées jour et nuit pour accueillir les changemakers, ces « artisans du changement » qui se consacre inlassablement à ses tâches.

Il s’agit d’entrepreneurs privés qui se sont regroupés pour rechercher avec plus d’efficacité les solutions à apporter à des problèmes sociaux et environnementaux, en particulier ceux relatifs à la santé, au droit à une éducation équitable, à la lutte contre le changement climatique, à un urbanisme durable et à la création d’emplois de qualité : autant de questions suscitant des débats enflammés jusqu’à des heures tardives.

Des innovations capitales

Le quartier de Seongsu-dong a incontestablement joué le rôle de pionnier du secteur social coréen, en particulier grâce à l’entreprise HEYGROUND, première du pays à avoir créé des espaces de coworking. Cette démarche allait s’avérer déterminante en faisant mieux connaître et apprécier l’action d’acteurs du changement issus de la société civile qui allaient ainsi pouvoir s’y consacrer dans des conditions d’autant plus favorables.

Dès 2017, un premier espace HEYGROUND allait ouvrir ses portes à l’initiative de l’organisme à but non lucratif Root Impact non loin de la ruelle animée de Yeonmujang-gil, suivi, deux ans plus tard, d’un deuxième près de la forêt de Séoul. En 2022, Johan Jaehyong Heo, qui dirige l’entreprise HEYGROUND, allait être convié à participer au programme Leaders Asie-Pacifique de la Fondation Obama en raison de « son rôle clé dans le développement d’un écosystème d’entrepreneuriat social sud-coréen allant de la création de projets d’incubation aux réformes de la réglementation ».

Les bureaux disponibles dans les espaces de travail collaboratif HEYGROUND sont spécialement conçus pour favoriser le travail en équipe et le partage d’informations. Les premiers étaient pourvus d’escaliers en gradins reliant les étages entre eux.
Avec l’aimable autorisation de Root Impact

Ses espaces de coworking se démarquent des autres à plusieurs titres, à commencer par l’étape de sélection rigoureuse, faite d’entretiens et d’une évaluation très précise, par laquelle doivent passer les entreprises désirant en ouvrir un. En outre, à la fourniture habituelle de bureaux déjà aménagés, HEYGROUND préfère une concertation avec ses futurs locataires en vue de créer des espaces personnalisés et adaptés à leurs besoins. C’est la démarche qu’ont suivie plus de vingt des plus grandes entreprises sociales coréennes.

Par la mise à disposition d’espaces de travail collaboratif, Root Impact souhaitait mettre en application l’idée que la présence sous un même toit d’entreprises de ce secteur créerait une synergie propice au partage d’informations, de connaissances et d’expériences. Pour ce faire, elle a recherché et comparé différents lieux d’implantation situés dans le centre de Séoul, selon des critères tels que la facilité d’accès, les prix du foncier et l’atmosphère propre à chaque quartier. C’est ainsi qu’elle allait porter son choix sur celui de Seongsu-dong, ayant constaté le dynamisme et l’esprit d’innovation croissants qui le caractérisaient du fait de la présence d’une population jeune.

La création de lien

Dans le cas de la Corée, l’apparition d’un écosystème d’entrepreneuriat social s’est amorcée au nouveau millénaire, puisque, dès l’année 2002, allait être créé le premier cabinet spécialisé de ce secteur, puis, quatre ans plus tard, la première société d’investissement à impact du pays. C’est toutefois l’arrivée de la plate-forme HEYGROUND qui allait déclencher la véritable expansion de ce secteur en attirant de nombreux investisseurs et en soutenant la croissance des nouvelles entreprises.

En outre, avec l’appui des pouvoirs publics compétents et des collectivités locales, le quartier de Seongsu-dong est parvenu à surmonter la perte de sa vocation industrielle passée pour se transformer en une « Social Venture Valley » coréenne. Depuis 2017, ses services municipaux proposent chaque année une exposition mettant à l’honneur les entreprises sociales ayant réussi dans leur secteur. Sa dernière édition, qui se tenait près de la forêt de Séoul, a ainsi réuni plus de 160 acteurs du secteur s’adonnant à des activités aussi différentes que le nettoyage, l’environnement, l’éducation, la garde d’enfants, les fabrications, la distribution, les arts, la culture, l’impression et l’édition. Leurs innovations les plus remarquables portent notamment sur l’amélioration de la mobilité des personnes en situation de handicap et la création d’un parc d’apprentissage et de découverte permettant de s’informer sur les produits et services disponibles dans ce domaine tels que des dispositifs d’assistance électrique pour fauteuils roulants, des systèmes de navigation adaptés et des taxis accessibles en fauteuil roulant.

En 2018, les services municipaux du quartier de Seongsu-dong allaient inaugurer un centre, dit Social Venture Hub Center, qui détient un pouvoir d’initiative en matière de soutien aux entreprises sociales. De son côté, la Ville de Séoul, cette année-là, allait aménager, dans l’ancien centre de données de ce même quartier, un espace, dit Seoul Startup Hub Seongsu, qui a vocation à proposer bureaux, programmes sur mesure et possibilités de mise en relation.

Ces capacités de réseautage se sont avérées cruciales dans la transformation du quartier de Seongsu-dong en un pôle d’attraction de la création d’entreprise dans le domaine social. Les acteurs concernés se sont montrés enthousiastes à la perspective de pouvoir s’intégrer à un réseau qui permette un partage d’informations et une collaboration avantageux pour leur expansion. Des plates-formes d’incubation telles que HEYGROUND et SangSang Planet, respectivement créées par Root Impact et KT&G, ont joué un rôle décisif à cet égard. En témoigne le fait que, de l’avis de tous les changemakers recourant à HEYGROUND, les différents programmes communautaires de ces plates-formes constituent un apport essentiel à la mise en œuvre de leurs projets.

Les espaces de coworking KT&G SangSang Planet ont été créés dans le cadre du soutien apporté aux entreprises sociales, notamment par la conception adaptée des lieux de travail, mais aussi par différentes initiatives destinées au personnel, dont une formation portant sur la santé physique et mentale.
© KT&G SangSang Planet

Tel est le cas de l’entreprise d’envergure mondiale Enuma, qui se spécialise dans les technologies pédagogiques et, plus particulièrement, dans la création de contenus éducatifs destinés aux enfants évoluant dans des environnements défavorables à l’apprentissage.

« Nos échanges avec d’autres entreprises du secteur nous ont permis d’acquérir des connaissances précieuses qui contribuent à la définition de notre identité », explique ainsi l’un des cadres de la société. « Le soutien et l’accompagnement que nous a fournis HEYGROUND nous ont permis de ne pas nous éloigner de nos objectifs et de poursuivre notre expansion. »

Quant à Tictoc Croc, cette entreprise du secteur social qui propose une plate-forme de services de garde d’enfants, elle atteste également que l’apport de HEYGROUND a été déterminant pour sa croissance, en particulier « pour [nous] aider à prendre racine, en [nous] offrant un environnement propice qui a permis à [l’] équipe de passer de quatre à plus de soixante-dix personnes depuis sa création. »

Les écueils à surmonter

À l’heure où nombre de villes du monde se transforment sous l’effet conjugué de la présence de startups et d’activités artistiques et culturelles, le quartier de Seongsu-dong se signale par la démarche de développement durable qu’y adoptent des entreprises sociales exclusivement privées. Tandis qu’une quarantaine d’organismes à but non lucratif et d’entreprises sociales y étaient présentes en 2014, leur nombre a presque quadruplé, atteignant 153, puis 525 en 2022.

En règle générale, les espaces de coworking sont pensés pour favoriser la créativité et le travail en équipe, comme en témoigne particulièrement l’aménagement de celui dit COW & DOG, qu’a récompensé le prix d’excellence des Seoul Architecture Awards de 2016 pour l’intimité et la souplesse de configuration de ses espaces ouverts.
© Chin Hyo-sook

Pour autant, des inquiétudes n’en demeurent pas moins quant aux perspectives d’avenir du quartier de Seongsu-dong en dépit de l’évolution rapide dont il est fier, comme le laissait transparaître le discours d’ouverture du festival Creative × Seongsu qui s’est déroulé en Septembre 2023. S’il a indéniablement su se réinventer pour fournir une plaque tournante de la création de start-ups et d’entreprises sociales, sa mutation n’a pas manqué d’entraîner une flambée des prix de l’immobilier et favoriser la gentrification. En outre, cette tendance à l’augmentation du prix des locations et à la commercialisation ne se situe-t-elle pas à l’opposé de l’objectif de développement durable qui s’attache à la vocation même des entreprises sociales ?

De l’avis général, le quartier de Seongsu-dong doit aujourd’hui s’engager impérativement dans une nouvelle étape de son évolution qui portera sur la consolidation durable de sa population, un véritable pari que devront aussi relever ses entreprises sociales.

Kim Dong-hwan Journaliste au Segye Times

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