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2024 AUTUMN

Un quartier universitaire créateur de tendances

Situé dans le nord-ouest de Séoul, le quartier de Hongdae, s’il porte le nom d’une université, se distingue des autres du même type par une évolution de soixante années qui en a fait l’un des centres de vie culturelle de la capitale, ses activités et formes de création en tout genre reflétant les toutes dernières tendances coréennes dans ce domaine.

Ruelle des fresques murales commençant en face du parc culturel de Hongik. Ses peintures, qui ornaient à l’origine l’un des murs de l’université Hongik et ont fait l’objet des expositions d’art de rue de Hongdae, ont disparu voilà peu suite à l’aménagement du campus souterrain de cet établissement, tandis que celles qui se situent sur l’autre trottoir existent encore.

C’est en 1955 que s’amorce l’évolution qui transformera le paisible quartier résidentiel de Hongdae en un bouillonnant lieu culturel, suite à la création de l’Université Hongik, puis de sa faculté des beaux-arts, en 1961, et d’une école supérieure d’art industriel, onze ans plus tard. De ces établissements, surgiront de nouvelles générations d’artistes et de designers qui, à leur tour, n’hésiteront pas à encourager création et échanges intellectuels au sein de leurs ateliers.

Des débats animés s’y déroulaient sur des sujets très divers allant de l’art aux questions sociales, ainsi que des performances avant-gardistes qui bravaient les conventions de la culture dominante. Par la suite, ces ateliers allaient trouver de nouvelles utilisations, certains se transformant en galeries d’art ou en cafés, voire en clubs, le soir venu : autant de lieux qui se prêtaient à l’expérimentation en donnant libre cours à l’imagination.

En attirant artistes, intellectuels et concepteurs, les ateliers de Hongdae ont créé un terreau propice à l’innovation culturelle. Acteurs à part entière des grandes mutations que connaissait le pays dans la seconde moitié des années 1990, ces lieux, leurs occupants et leurs interactions allaient conférer au quartier une identité nouvelle qui confirmait sa vocation de pionnier culturel.

Créé en 2007 en plein centre de Hongdae, le centre culturel polyvalent KT&G SangSang Madang Hongdae comporte un cinéma, une salle de spectacle et une galerie, soutenant ainsi la création artistique tout en permettant au public de profiter d’un large choix d’activités culturelles.

Le cinéma Laika, qui a ouvert ses portes en 2021 dans le quartier de Yeonhui-dong, a la particularité de projeter des films rarement à l’affiche des salles obscures, notamment les chefs-d’œuvre de réalisateurs emblématiques tels qu’Andrei Tarkovsky et Éric Rohmer.

Des rues où fleurit l’art

À la fin du siècle dernier, Hongdae présentait l’image d’un lieu unissant activités culturelles et commerciales par des liens complexes. Après avoir servi de refuge aux adeptes de modes de vie alternatifs et de sous-cultures, il allait prendre une orientation commerciale avec la création de la rue Picasso que ne manquèrent pas de déplorer certains. D’une longueur de 400 mètres, elle abonde en cafés et autres lieux de divertissement qui l’ont fait parfois comparer à la fameuse rue Rodeo du quartier d’Apgujeong, également situé à Séoul, parce que cette dernière abrite nombre de restaurants chics et d’élégantes boutiques de mode. Devant la menace qui pesait sur l’identité même de Hongdae et suscitait toujours plus de critiques, un mouvement de défense allait se constituer pour qu’il conserve son caractère d’origine et organiser à cet effet une exposition permanente consacrée à son art de rue.

Créée en 1993 par des étudiants de la faculté des beaux-arts, cette manifestation n’a pas tardé à franchir les limites du campus pour investir les rues en exposant les œuvres des étudiants et en présentant des spectacles. Elle est à l’origine des célèbres fresques murales qui ont transformé les ruelles en tableaux vivants très prisés des amateurs d’art et de culture. En suscitant une participation active des riverains à leur réalisation, elles ont été créatrices de lien et ont inspiré ailleurs dans le pays des initiatives du même type qui ne font que renforcer l’identité régionale.

Des espaces alternatifs

Vers la fin des années 1990, la formation d’une culture alternative coréenne s’est produite dans une conjoncture complexe fortement impactée par un ralentissement économique dû à la crise financière de 1997 et un effondrement du marché de l’art défavorable à l’activité des jeunes créateurs. Dans le même temps, les mutations du paysage culturel allaient s’avérer favorables à nombre de travaux expérimentaux dont la portée demeurait toutefois limitée par l’insuffisance d’espaces adaptés à cet effet.

C’est dans ce contexte qu’allaient voir le jour des lieux d’un genre nouveau dont le prototype fut l’Alternative Space LOOP créé en 1999 à Hongdae dans le but de découvrir et soutenir les innovations et expérimentations des jeunes artistes coréens, tout en servant de plate-forme d’échange et de mise en relation avec ceux d’autres pays. Dès lors, cet espace allait rapidement essaimer à l’intérieur du quartier.

La création d’Alternative Space LOOP a ainsi joué un rôle essentiel en ravivant et enrichissant la culture alternative sur laquelle reposait l’identité du Hongdae des années 1990. Pour ses artisans, l’art ne devait pas être l’apanage d’une élite, mais le bien commun des citoyens du pays et, par leur démarche, ils ont contribué à sensibiliser le grand public aux questions artistiques, sociales et culturelles que posent les créateurs, ce qui crée une plus grande proximité entre eux.

L’exposition Mass Action présente une œuvre de Chanmin Jeong retenue à l’issue du concours d’art organisé par Alternative Space LOOP en 2023. Première en son genre à être apparue en Corée, cette manifestation d’une périodicité annuelle vise à choisir et exposer des œuvres d’art expérimentales soulevant des questions contemporaines avec originalité.
© Alternative Space LOOP

Depuis sa création en 2018, le complexe cinématographique Yeonnamjang fournit aux créateurs du quartier de Yeonhui-dong un espace où ils peuvent à la fois travailler et échanger sur leurs réalisations. Son café situé au rez-de-chaussée a été conçu pour accueillir des manifestations aussi différentes que des expositions et des comédies musicales.

Un original marché d’artisanat

En 2002, la Coupe du monde de football qu’ont organisée conjointement la Corée et le Japon a entraîné une multiplication des festivals et autres manifestations culturelles dans lesquels Hongdae allait être amené à occuper une place de premier plan à l’initiative des collectivités locales. La Ville de Séoul et la mairie d’arrondissement de Mapo y ont en effet délimité une zone, dite « Hongdae Culture Street », qui a pour centre le Hongdae Noriteo, un terrain de jeu jusque-là désaffecté faisant face à l’université Hongik. Encouragés par cette décision, les artistes et urbanistes du quartier allaient sans plus tarder s’employer à mettre ce site en valeur.

En mai de cette même année, le travail qu’ils avaient entrepris en commun allait aboutir à l’inauguration du premier marché coréen de produits artisanaux dénommé Rainbow Art Market et l’ancien terrain de jeu délaissé, devenir le centre d’une création en pleine effervescence. Il a rapidement acquis une plus grande périodicité pour fédérer différents marchés aux puces artistiques qui se tenaient jusque-là de manière ponctuelle en divers points de Hongdae. Le bouche-à-oreille faisant son œuvre à propos de cette manifestation alors rare en son genre, la foule des curieux allait envahir le terrain de jeu tous les dimanches après-midi. Si, sous sa forme actuelle, cette manifestation se déroule entre les murs d’un studio, celle des premiers temps a créé l’émulation dans d’autres endroits du pays et sa formule s’avère toujours aussi favorable aux rencontres entre créateurs et consommateurs d’art.

Une culture des « salons »

Au début des années 2000, les nombreux cafés qui ont ouvert à Hongdae possédaient un cachet qui les distinguait des établissements analogues situés dans d’autres quartiers de la capitale. Au lieu de s’en tenir à fournir des endroits agréables où consommer aliments et boissons, ils visaient à favoriser rencontres et échanges propices à l’inspiration entre artistes et acteurs de la culture. Ils proposaient ainsi une nouvelle lecture des salons littéraires d’autrefois en permettant contacts et partage d’idées dans un cadre moderne.

À cet effet, ils se meublaient souvent de grandes tables où se réunir et mettaient à disposition des instruments de musique avec lesquels exécuter des performances spontanées. Dépliants et magazines de rue s’y trouvaient aussi en grand nombre pour informer les clients de l’actualité et des manifestations artistiques et culturelles, de petits marchés aux puces y étant même souvent improvisés.

Ouvert en 2004, le Café Yri offre une bonne illustration de cette nouvelle pratique et son ouverture à toutes les formes d’expression artistique en fait le lieu de prédilection des créateurs à l’esprit libre. Par le biais d’expositions, de lectures publiques, de performances et de séminaires, il fait mieux connaître cette culture des salons qui tend à se développer. À l’ère des réseaux sociaux et des créneaux de consommation, les cafés de Hongdae transforment aujourd’hui encore les lieux de socialisation en s’inspirant des salons de jadis pour favoriser toujours plus l’échange et la créativité. 

Lors de sa création en 2004 dans le quartier de Seogyo-dong, le café Yri avait vocation à favoriser les rencontres entre les artistes de Hongdae. Depuis 2009, année où il a été relocalisé à Sangsu-dong, il constitue un espace polyvalent accueillant conférences, expositions et concerts, entre autres manifestations culturelles.

Park Min-ha Chargée de cours au Département des contenus audiovisuels et numériques de l’Université Hanshin
Han Jung-hyun Photographe

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