메인메뉴 바로가기본문으로 바로가기

On the Road > 상세화면

2024 AUTUMN

Une ville autrefois terne qui brille d’un nouvel éclat

Autrefois perçue comme manquant d’intérêt, Daejeon a su se doter de nouveaux attraits en se réinventant et c’est désormais une ville qui permet tout à la fois de découvrir les dernières tendances de la technologie, de manger l’un des meilleurs pains du pays ou de visiter un ancien quartier de cheminots aux habitations reconverties en espaces culturels dynamiques.

© Office nationale du tourisme de Corée

En Corée, rares sont les villes à s’être autant transformées que Daejeon en à peine un siècle par la création d’infrastructures, l’afflux d’investissements étrangers, la place croissante accordée aux STEM (sciences, technologies, ingénierie et mathématiques) et la relocalisation d’administrations de l’État sur son sol. Ses situations stratégique et géographique favorables sur une vaste plaine située au cœur du territoire coréen ont constitué d’importants atouts dans cette évolution. Jusqu’au début du siècle dernier, Daejeon était restée une modeste bourgade qui portait le nom de Hanbat signifiant « grand champ ». À l’époque coloniale, la construction du chemin de fer allait en faire un important nœud de communication qui reliait la ville au reste du pays aux côtés de routes et voies navigables.

Les cheminots habitaient alors un quartier situé près de la gare, dit Soje-dong, qui allait peu à peu se vider de sa population, suite à l’aménagement de nouvelles zones résidentielles dans l’après-guerre de Corée, laissant ainsi plus de deux mille logements inoccupés. En 2010, l’aménagement d’un centre culturel dynamique dans une ancienne maison de cheminot, à l’initiative d’un artiste, a constitué le premier des changements qui allaient redonner vie aux lieux.

Ces derniers temps, le quartier de Soje-dong est une bonne illustration de la nouvelle mode coréenne que désigne le mot « newtro » composé de « new » et de l’abréviation de « rétro ». S’il peut paraître vétuste à première vue, on en découvre le charme en s’enfonçant dans ses ruelles et en appréciant la créativité avec laquelle les maisons d’autrefois ont été rénovées, ici, en plantant des bambous à l’entrée d’un café, là en dotant un restaurant d’un jardin qui rappelle une station thermale aux sources chaudes : autant d’innovations et de créations à l’esprit très actuel qui confèrent désormais une atmosphère bien particulière à ce lieu.

Les anciennes maisons de cheminots de Soje-dong ont été transformées en cafés et magasins en conférant un style particulier à chacune d’elles tout en préservant les toits, plafonds et piliers d’origine.

Un autre, nommé Temi Orae, qui rassemblait jadis les résidences de fonctionnaires construites dans les années 1930 au cœur de la vieille ville, a également fait l’objet d’actions de réhabilitation, puisque neuf de ces demeures, dont celle de l’ancien gouverneur de la province du Chungcheong du Sud, abritent aujourd’hui un espace culturel proposant des expositions sur l’histoire moderne, l’art et la culture de Daejeon.

Celle-ci présentait autrefois l’image d’une ville peu attrayante par son manque de curiosités touristiques et son atmosphère laborieuse, mais elle est parvenue à s’en détacher avec dynamisme en se dotant de festivals de théâtre, concours de chant, cafés, restaurants et galeries qui lui confèrent un nouveau charme.

Une technopole pour la recherche et l’innovation

Si Daejeon a longtemps misé sur son rôle de carrefour de moyens de transports, au cours des 50 dernières années, elle s’est transformée en un centre d’activités scientifiques et techniques qui a donné naissance aux avancées réalisées par le pays dans ces domaines. En 1983, son agglomération, alors en pleine expansion, allait s’étendre à la ville de Daedeok, sur laquelle l’État avait porté son choix dix ans auparavant dans le cadre de la centralisation de ses organismes de recherche et développement, pour créer la principale technopole du pays aujourd’hui connue sous le nom d’Innopolis Daedeok.

À la fin de décembre 2022, ce centre comptait pas moins de 2 397 instituts de recherche et entreprises, auxquels venait s’ajouter la douzaine d’universités et d’écoles professionnelles qu’abrite Daejeon, dont le prestigieux Institut national des sciences et technologies (KAIST), ainsi que les centres de recherche de grands groupes industriels. Pôle d’innovation et incubateur dans le secteur des hautes technologies, Innopolis Daedeok a fortement accru sa compétitivité scientifique, laquelle rejaillit sur l’ensemble de la ville de Daejeon et en a fait un centre de décision incontournable pour toute nouvelle orientation des applications des technologies de pointe.

Le parc scientifique de l’Expo abrite des attractions telles que le Daejeon Expo Memorial Hall, la fontaine musicale de la place Mulbit et la tour Hanbit, véritable monument historique, cet ensemble attirant nombre d’habitants de la ville et de touristes qui apprécient vivement de pouvoir s’y détendre à l’ombre des arbres ou admirer le superbe paysage nocturne.
© Shin Jung-sik

En outre, Daejeon a été la ville hôte de l’Exposition universelle de 1993, une manifestation qui s’est avérée d’une envergure analogue à celle des Jeux olympiques de Séoul de 1988 en attirant la participation de 108 pays différents, 33 organisations internationales et plus de 200 entreprises coréennes. Elle allait ainsi consacrer le rôle de symbole des sciences coréennes qu’était devenu Daejeon à l’échelle nationale, comme en témoigne le parc scientifique Expo qui demeure sur le site de l’Exposition universelle et offre un espace de loisirs aux habitants comme aux touristes, tandis que la tour Hanbit, qui date également de l’Exposition universelle, offre de nuit un panorama exceptionnel de la ville.

En 2000, Daejeon allait de nouveau se distinguer avantageusement sur les plans académique et scientifique en accueillant des Olympiades internationales de mathématiques. Quant au Musée national des sciences, qui fait se rencontrer passé, présent et avenir au cœur d’Innopolis Daedeok, il propose des découvertes interactives qui rendent la science plus accessible au grand public. Il abrite aussi de passionnantes expositions où les visiteurs peuvent notamment admirer une maquette grandeur nature du premier lanceur spatial coréen Naro-1 et une version robotisée de Kumdori, la mascotte de l’Exposition universelle de 1993.

Au Musée national des sciences, l’apprentissage se fait ludique en entraînant les visiteurs dans des expositions interactives portant sur les sciences et techniques, l’histoire naturelle, l’évolution humaine, l’astronomie et les technologies du futur.

La nouveauté culinaire du froment

Depuis toujours, la tradition coréenne voulait que les nouilles soient faites de farine de sarrasin et d’amidon de maranta, mais la fin de la première moitié des années 1950 allait voir l’introduction de la farine de froment dans le pays suite à la pénurie de riz provoquée par les ravages de la guerre. Pour remédier au manque de cet aliment de base, les pouvoirs publics incitèrent la population à mêler cette céréale à d’autres telles que le blé et le maïs en provenance des États-Unis. L’habitude fut bientôt prise de garnir de nouilles de froment des préparations très prisées à base de bouillon telles que le seolleongtang ou le dwaeji gukbap, qui sont respectivement une soupe d’os de bœuf et une soupe au porc et au riz, comme on le fait encore aujourd’hui en se souvenant de ces temps difficiles.

La farine de blé a fait son entrée dans la cuisine typique de Daejeon à partir du moment où cette ville est devenue un centre de stockage et de distribution temporaires des produits importés des États-Unis, notamment le blé, dont le grain était moulu sur place à son arrivée dans les ports de Busan ou d’Incheon. Sa farine fut bientôt disponible en si grande abondance qu’elle servit même de monnaie d’échange. Dans les années 1960 et 1970, c’était ainsi qu’étaient rémunérés les ouvriers agricoles qui travaillaient à la remise en culture des terres situées à l’ouest de Daejeon et ils échangeaient ensuite cette farine contre des espèces dans un centre de change.

Étant facilement accessible, la farine de froment de Daejeon allait apporter quelques innovations culinaires comme le kalguksu, cette spécialité régionale consommée dans tout le pays. Composée d’un bouillon à base de fruits de mer ou de viande, de nouilles de froment et de légumes, elle se décline en de nombreuses variantes qui diffèrent selon les ingrédients du bouillon, le type de garniture et la grosseur des nouilles.

Si aucune trace écrite ne permet de dater avec précision la création de ce plat qui figure au menu de bien des restaurants du pays, pas plus que l’on ne connaît le nom de son inventeur et la partie de la ville où il vivait, les médias ont commencé à parler de « kalguksu de Daejeon » dès les années 1960. Réputée être le berceau de cette fameuse préparation, Daejeon comptait pas moins de 727 restaurants dont c’était la spécialité à la fin de 2023, soit environ cinq pour 10 000 habitants, ce qui constitue un record absolu pour une ville donnée, et, depuis 2017, une fête met ce plat à l’honneur au mois d’octobre.

Composée de nouilles et de bouillon à base d’os de bœuf et d’anchois, le kalguksu est une célèbre spécialité originaire de la ville de Daejeon et se décline en variantes tout aussi appréciées les unes que les autres au menu des nombreux restaurants de la ville.
© Shin Jung-sik

Des produits de première qualité

En matière d’alimentation, la ville ne doit pas sa célèbrité qu’au kalguksu, puisque s’y trouve également le siège de Sungsimdang, la première boulangerie coréenne non franchisée, dont le chiffre d’affaires s’élevait l’année passée à 124,3 milliards de wons et le bénéfice net, à 31,5 milliards de wons, soit respectivement 93 et 24 millions de dollars.

Cet établissement fut fondé en 1956, l’année même où arrivaient les premières expéditions de blé américain, par Lim Gilsun et sa femme Han Sunduk, d’anciens réfugiés de la guerre de Corée qui s’étaient établis à Daejeon. Avec les deux sacs de farine de blé que leur avait offerts un prêtre catholique, le couple commença par confectionner et vendre des petits pains cuits à la vapeur.

Depuis l’ouverture de sa boulangerie, n’oubliant jamais les épreuves qu’il traversa dans l’après-guerre, il fait don chaque jour du pain invendu aux orphelinats ou aux centres d’aide sociale et, si ce qui reste ne suffit pas, une fournée supplémentaire est lancée dans ce seul but.

Animés par l’amour du métier, les boulangers de Sungsimdang cherchent constamment à créer de nouvelles fabrications, en particulier d’originales pâtisseries telles que le soboro ppang frit, ce petit pain fourré de streusel qui allie le goût de noisette de cet ingrédient à la saveur des haricots rouges et à la texture croustillante d’un beignet. Comptant désormais parmi les produits phares de Sungsimdang, il s’est vendu à plus de 80 millions d’unités à ce jour et fait évidemment l’objet d’un brevet.

Le promeneur qui parcourt le centre de Daejeon et aperçoit soudain une longue file d’attente s’étirant sur des dizaines, voire des centaines de mètres, se trouve certainement non loin de l’une des succursales de Sungsimdang, qui sont exclusivement présentes à Daejeon.

Avec ses nombreux restaurants de kalguksu et ses boulangeries où accourent les clients, Daejeon, à l’atmosphère autrefois empreinte de morosité, est devenue une destination gourmande très appréciée grâce à cette même farine de blé qui servit en d’autres temps à nourrir une population affamée. Une fête du pain se tient chaque année en septembre, deux jours durant, pour célébrer les délicieuses créations culinaires qui font la fierté de Daejeon.

Toujours aussi fréquentée, la célèbre boulangerie Sungsimdang de Daejeon voit s’allonger à sa porte de longues files d’attente, car les clients sont impatients de goûter à ses spécialités très prisées, notamment un gâteau, dit siru, dont les gourmets apprécient particulièrement la généreuse garniture de fruits de saison.

Intérêt culturel et beautés de la nature

En résumant Daejeon à un nœud de communication et à des traditions culinaires, on n’apprécierait pas à sa juste valeur la richesse de son patrimoine culturel et naturel, à commencer par l’une de ses attractions les plus prisées située au cœur de la ville, à savoir l’arboretum de Hanbat, qui est le plus grand du pays. Non loin de là, s’élèvent le musée d’art de Daejeon et le musée Lee Ungno consacré à l’artiste du même nom (1904-1989) qui se rendit célèbre par ses peintures abstraites comportant des éléments de calligraphie, notamment dans ses séries Abstract Letter et People. Parvenu au sommet de sa carrière à l’âge de cinquante ans, le peintre s’établira à Paris pour rechercher de nouvelles voies susceptibles de s’ouvrir à son art. Impliqué à la fin des années 1960 dans un incident politique dont il subira les répercussions à titre personnel, il n’en continuera pas moins de créer. Pendant son incarcération d’une durée de deux ans et demi au centre de détention de Daejeon, il produira ainsi plus de trois cents œuvres avec tout ce qui peut lui tomber sous la main, y compris des grains de riz.

Loin de l’avoir brisé, cette éprouvante expérience ne fera que l’encourager davantage dans sa quête d’une expression artistique capable de s’affranchir toute frontière. La série People, à laquelle il se consacrera à la fin des années 1970 et seront sensibles les publics du monde entier, se caractérise par la représentation de rassemblements populaires pour ce qui semble être des danses. Les Coréens y voient une allégorie de l’élan vital qui mena le pays vers la démocratie.

Le musée Lee Ungno de Daejeon propose une fascinante découverte de l’univers créatif de cet artiste qui allie dans ses œuvres influences orientales et occidentales, tradition et modernité.
© ARCHFRAME.NET

Les multiples activités dans lesquelles s’est engagée Daejeon au siècle dernier en déployant des efforts constants pour apporter le changement lui permettent aujourd’hui de satisfaire des goûts et intérêts très divers, qu’il s’agisse de science, de culture, d’histoire moderne et contemporaine, d’art ou de nature. Afin de découvrir tout ce que cette ville a à offrir leur offrir, ses visiteurs seraient bien avisés d’y séjourner plus de deux jours en consacrant chacun d’eux à un thème particulier de leur choix.

La forêt de Jangtaesan est célèbre pour son importante concentration de métaséquoias, ces arbres des plus rares en Corée, et les visiteurs apprécient de se plonger dans un bain de verdure tout en contemplant les paysages à couper le souffle qui se déploient autour d’eux.
© Office nationale du tourisme de Corée


Kwon Ki-bong Écrivain
Lee Min-hee Photographe

전체메뉴

전체메뉴 닫기