Un passage s’élevant à une altitude à peine franchissable par les oiseaux eux-mêmes et un bouclier rocheux jadis propre à dissuader toute attaque à partir du Sud constituèrent les atouts exceptionnels du Mungyeong Saejae, ce « col des oiseaux de Mungyeong » situé dans une région pittoresque où je chemine sur les sentiers qu’empruntèrent bien des voyageurs.
Le Mungyeong Saejae, ou « col des oiseaux de Mungyeong », vu du plus haut point de la Grande route de Yeongnam. Situé à environ deux heures de route de Séoul, il a joué un rôle important de l’époque des Trois Royaumes (57 av. J.-C. 668) à celle de Joseon (1392-1910) en facilitant le passage de nombreux voyageurs et en fournissant un rempart naturel pour la défense. La beauté de ses paysages et la richesse de son patrimoine historique en font aujourd’hui un lieu touristique très fréquenté.
Sur 70 % de sa superficie, le territoire coréen présente un relief rocheux qui fait se succéder de hauts sommets aux versants arrosés par des ruisseaux accentuant l’aspect majestueux des montagnes lorsqu’ils se subdivisent sur les collines pour former les affluents des rivières. Tel est le cas de cette chaîne du Baekdu Daegan qui égrène ses « grandes têtes blanches » jusqu’au mont Jiri situé à plus de 1 600 kilomètres du mont Baekdu, dont le nom peut aussi s’écrire Paektu et qui se dresse tout au nord de la péninsule coréenne. Les randonneurs qui la parcourent de bout en bout en tirent toujours fierté.
Sous le royaume de Joseon, le célèbre géographe et cartographe Kim Jeong-ho (1804–1866) établit en 1861, de manière détaillée et à une échelle moderne, une carte topographique de Corée qu’il allait faire graver sur des blocs de bois en vue de sa reproduction et de sa diffusion en grande quantité. Sur cequi avait pour nom Daedong yeojido, c’est-à-dire « carte territoriale du grand Est », figuraient la chaîne du Baekdu Daegan, ses rivières et les villages qu’elles baignaient, l’ensemble qu’ils formaient épousant la forme d’un Taegeuk ou d’un dragon. Cette représentation était révélatrice de la vision qu’avait le cartographe de cette chaîne, de sa valeur emblématique de la nature et de la géographie nationales, ainsi que de son rôle dans les fondements culturels, sociaux et historiques du pays, comme dans son environnement. À ce propos, il faut savoir que l’hymne national coréen, à son premier couplet, de même que les chants scolaires, fait mention du mont Baekdu et de l’énergie qu’insuffle cette montagne à ses habitants.
Première des ouvertures pratiquées au col de Mungyeong Saejae, la porte de Juheulgwan fut édifiée en 1708, tout comme la forteresse de montagne de Joryeong, après que les invasions japonaises et mandchoues eurent révélé l’importance stratégique de ce passage.
Datant approximativement du Ve siècle, époque marquée par des affrontements entre les Trois Royaumes, la forteresse de montagne de Gomo s’étendait à l’origine sur une distance de 1,6 km, mais seuls quelques tronçons de ses murs sont parvenus jusqu’à nos jours.
Un lien avec l’au-delà
À vingt minutes de route au sud de la ville thermale de Suanbo située dans le centre de la Corée, le visiteur parvient à un bourg d’origine ancienne où un chemin sinueux mène aux vestiges d’un temple plus que millénaire, le Mireuk Daewon, qui connut ses heures de gloire sous le royaume de Goryeo (918–1392). Une pagode en pierre s’y trouve encore, bien qu’en mauvais état de conservation, ainsi qu’une grande statue en pierre du bodhisattva Maitreya. Sur une dalle en pierre, est tracé l’itinéraire du chemin qui conduit au Haneuljae, c’est-à-dire le « col du ciel », et qui est aussi le plus ancien de tous ceux qui s’étendent par les collines jusqu’à la ville de Mungyeong, centre administratif et économique de la région, mais aussi plaque tournante de ses transports.
La forêt, bien qu’épaisse, n’inspire aucune inquiétude et le parcours agréable invite au contraire à s’attarder pour observer les arbres aux formes singulières ou les fleurs sauvages qui s’épanouissent entre les rochers.
Lorsqu’il pleut et que l’eau dévale les pentes, elle est recueillie par le lit du Nakdong ou du Han selon qu’elle s’écoule en direction de Mungyeong ou de Chungju. Cette dernière ville, ainsi que celles qui en sont voisines, constituent Mireuk-ri, ce « village de Maitreya » tel qu’il est appelé en raison de son cadre évocateur de l’au-delà, tandis que Mungyeong est aussi connue sous le nom de Gwaneum-ri désignant ce village d’Avalokitesvara bien en prise avec ce monde. Aujourd’hui malheureusement goudronné, le chemin par lequel on peut s’y rendre est encore jalonné de statues bouddhiques en pierre.
Voilà plusieurs siècles, le col de Haneuljae était connu sous le nom de Gyerimnyeong, qui signifie « colline du coq debout ». Un ouvrage datant de 1145 et intitulé Samguk Sagi, à savoir « histoire des Trois Royaumes », rapporte qu’« [e]n l’an 156, le roi Adala de Silla créa le « chemin de la colline du coq debout » . Toutefois, les historiens émettent avec précaution l’hypothèse selon laquelle l’itinéraire en aurait été tracé par un État tribal qu’établirent les habitants de cette région avant notre ère. S’il est vrai que les trois royaumes anciens de Baekje, Goguryeo et Silla s’affrontèrent un temps pour se rendre maîtres du Han, ce fleuve plusieurs fois centenaire qui traverse la péninsule coréenne du nord au sud, le troisième ne régnait alors que sur un territoire très exigu dont la capitale, Gyeongju, n’exerçait que peu d’autorité. Importante voie de passage d’un côté à l’autre de la frontière, ce « chemin de la colline du coq debout » n’avait pas toujours accueilli un important trafic militaire. Les marchandises en provenance du nord et du sud de la péninsule y transitaient depuis fort longtemps et le moine Ado lui-même, aussi connu sous le nom d’Ado Hwasang et natif de Goguryeo, l’avait emprunté pour se rendre à Silla, où il introduisit le bouddhisme. Le village de Morye, qui allait être le premier à embrasser cette religion, fait aujourd’hui figure de lieu sacré.
Sous le royaume de Silla, nombre d’ambitieux rêvaient de voir Changan, qui se nomme aujourd’hui Xian et que la dynastie chinoise des Tang prit pour première capitale à l’époque où sa culture et ses arts avaient atteint un haut degré d’évolution. À partir de Gyeongju, le chemin le plus sûr pour s’y rendre franchissait les cols de Mungyeong et Haneuljae, après quoi l’on gagnait le port occidental de Dangeunpo par voie fluviale, sur le Han, avant de prendre la mer en direction du nord.
Les archives font état d’au moins deux allers-retours qu’effectuèrent les vénérables moines Wonhyo (617–686) et Uisang (625–702) en suivant ce même itinéraire. En l’an 650, le premier, qui avait alors 34 ans et aspirait à faire des études dans la Chine des Tang, se lança en compagnie du second dans la montée au col de Haneuljae. À leur arrivée à Liaodong, une ville du nord-est de la Chine, ils furent arrêtés par des garde-frontières de Goguryeo et contraints de rebrousser chemin. Quand dix années eurent passé, les deux hommes entreprirent à nouveau le voyage, mais leurs chemins se séparèrent à Dangeunpo, d’où Uisang partit pour la Chine des Tang, tandis que Wonhyo décidait de rentrer au pays, après avoir découvert que ce qu’il avait bu avec délice la veille, à moitié endormi, était en fait de l’eau de pluie que l’on avait recueillie dans un crâne humain, ce qui lui fit conclure que tout dépend de la façon dont on voit les choses. Cette anecdote est contée dans les Haedong goseung jeon, ces biographies d’illustres moines coréens qui furent publiées en 1215. En ces temps de rayonnement culturel des dynasties Tang et Sung, Wonhyo imprima sa marque dans le bouddhisme coréen par l’originalité de sa pensée, tandis qu’Uisang, lorsqu’il s’en retourna à l’issue de ses études, contribua grandement à la diffusion du bouddhisme dans le pays.
La construction de la porte de Jogokgwan, deuxième ouverture percée au col de Mungyeong Saejae, remonte à 1594, tout comme celles de l’enceinte intérieure de la forteresse. Elle est plus ancienne que les deux autres que comporte le col et ses fondations reposent sur un relief plus accidenté.
Une montée plus abrupte
Sous le royaume de Goryeo, le temple de Mireuk Daewon accueillait aussi bien les fidèles que de nombreux voyageurs, notamment des fonctionnaires qui y faisaient halte pour passer la nuit. La lecture de l’épitaphe gravée sur la tombe d’une certaine Dame Heo (1255–1324), épouse de Kim Byeon, permet de se faire une idée de la ferveur religieuse des gens d’alors. Quand disparut son mari, cette dévote fit élever, près de sa tombe, un temple dont les soutras allaient être régulièrement recopiés à l’encre d’argent et d’or dix années durant pour lui permettre de connaître la félicité dans l’autre monde. À l’âge de 57 ans, elle accomplit en outre un pèlerinage jusqu’à plusieurs monts et temples illustres, dont celui de Mireuk Daewon. Le bouddhisme étant religion d’État à Goryeo, hommes et femmes y bénéficiaient d’un même traitement et celles-ci y entreprenaient fréquemment de tels voyages religieux.
Une fois parvenu de l’autre côté du col de Haneuljae, le voyageur entreprenait de gravir le mont Tanhang par la face sud et, après quarante minutes d’une montée escarpée, il en atteignait la cime d’où il pouvait contempler en contrebas la porte de Joryeonggwan, l’une des trois qui s’élevaient au col de Mungyeong Saejae, entre les lignes douces des crêtes et sommets qui l’entouraient. Cette ouverture permettait aussi de canaliser l’eau de pluie, car, en s’écoulant de son toit, celle-ci était dirigée soit vers Chungju, qui s’étendait au nord-ouest et où elle se jetait dans le Han, soit en direction de Mungyeong, située au sud-est et arrosée par le Nakdong. En empruntant le chemin qui reliait Chungju à Mungyeong, il fallait compter une demi-journée de marche pour gagner Mungyeong Saejae à partir du col de Haneuljae.
Dans les premiers temps du royaume de Joseon, le col de Mungyeong Saejae fut si fréquenté que sa renommée perdura pendant pas moins de cinq siècles où il représenta un important jalon sur la grande route de Yeongnam, dite Yeongnam Daero, qui reliait Hanyang à Dongnae, les Séoul et Busan d’aujourd’hui. Dans ces conditions, il est légitime de se demander pourquoi les sujets de Joseon délaissèrent ce col de Haneuljae, qui se trouve sur un terrain relativement plat et servit aux déplacements pendant plus d’un millénaire, pour lui préférer celui de Mungyeong Saejae en dépit de ses escarpements et de la centaine de mètres de plus à laquelle il s’élève.
La route des lettrés confucianistes
Si le col de Haneuljae bénéficiait de sa proximité avec ce Han que sillonnaient les bateaux chargés des céréales de l’impôt, les dynasties de Goryeo et des Yuan avaient alors acquis une telle puissance qu’elles représentaient une menace pour le Japon. Lors du déclin qui s’amorça par la suite, les pirates de ce pays s’enhardirent toujours plus à prendre possession de la mer et à se livrer au pillage, de sorte que le trafic maritime s’amenuisa inexorablement. Après son franchissement par l’envahisseur mongol et les Turbans Rouges, le col de Haneuljae cessa de remplir son rôle défensif, tandis que celui de Mungyeong Saejae, malgré les périls dont était semée sa route, s’avérait avantageux sur le plan défensif tout en offrant une voie terrestre plus courte.
Pour mettre fin aux exactions des pirates japonais qui sévissaient encore sous son règne, Taejong (1400–1418), troisième souverain du royaume de Joseon (1392–1910), misa sur la puissance militaire et commerciale du pays en construisant un vaste réseau routier destiné à assurer des échanges et transports plus rapides. En outre, il fit créer des relais de poste gardés, dits yeokcham, où les fonctionnaires en mission pouvaient remplacer leurs chevaux et se reposer. Contrairement à ce qui se passait au temps de Goryeo, relais de poste et auberges étaient situés près de repères naturels tels que des montagnes ou des ponts, l’État de Joseon en établissant à intervalles réguliers de 30 li pour les premiers et de 10 li pour les secondes, soit respectivement environ 12 et 4 km. À peu près à la même époque, le col de Mungyeong Saejae fut intégré au parcours de la Grande route de Yeongnam, car il était d’un franchissement plus facile que les collines ou montagnes avoisinantes et, si la largeur de la route qui l’empruntait ne permettait le passage que de deux personnes marchant de front, elle était de bonnes dimensions pour un pays pratiquant peu l’élevage, car voué principalement à l’agriculture.
En revanche, la question se pose encore de la raison pour laquelle cette voie ne fut pas bordée de murs défensifs, car, lors de l’invasion japonaise de 1592, le gouffre situé près de la ville, alors qu’il aurait dû opposer un obstacle naturel, n’allait pas suffire à arrêter la progression de l’agresseur vers le nord, en conséquence de quoi la Corée se vit infliger une défaite lors de la bataille de Chungju. À l’annonce de l’issue des combats, le roi Seonjo fut contraint de fuir la capitale pour chercher refuge à Pyongyang, d’où il allait remonter plus au nord par la suite. Pas plus tard que l’année suivante, sur avis du conseiller d'État Ryu Seong-ryong (1542–1607), des portes fortifiées furent élevées en deux points du trajet, mais il fallut attendre la deuxième invasion mandchoue de 1636 à 1637 pour voir apparaître les trois ouvertures que nous connaissons aujourd’hui, lesquelles mirent fin aux offensives de grande envergure, leur fonction défensive se limitant dès lors à la protection contre les régions limitrophes et à celle des émissaires de passage qui se rendaient en mission diplomatique.
Si Joseon comme Goryeo furent la cible des menées guerrières de leurs voisins, le peuplement des régions situées de part et d’autre du col de Mungyeong Saejae fut très différent d’une époque à l’autre. Dans le premier, d’obédience confucianiste, les principales villes du pays, au nombre de dix, se situaient, pour moitié, le long de cette Grande route de Yeongnam dont le col de Mungyeong Saejae possédait la dimension symbolique d’une porte ouverte sur la culture joseonienne. Alors que les grands concours de la fonction publique ne se déroulaient que de loin en loin sous le royaume de Goryeo, ils eurent lieu beaucoup plus régulièrement sous celui de Joseon, car, du succès à ces épreuves dépendait, pour chacun, la possibilité de réussir sa vie. À partir de la région de Yeongnam située dans le sud-est du pays, nombreux furent les lettrés confucianistes qui prirent la route en fondant bien des espoirs sur ces épreuves à l’issue desquelles ils s’en retourneraient triomphalement ou chemineraient péniblement, abattus et honteux.
D’autres érudits partis de la ville d’Andong, ce haut lieu du confucianisme coréen, empruntèrent aussi la Grande route de Yeongnam pour se rendre à la cour du roi et y présenter des requêtes sous forme manuscrite. Pour franchir le col de Mungyeong Saejae, il ne leur fallait pas moins de quatre jours de marche, puis trois mois s’écouleraient avant qu’ils ne puissent rentrer au pays munis des réponses apportées à leurs démarches. Outre ces érudits, les relais de poste, auberges et tavernes accueillaient fréquemment les inspecteurs que dépêchait secrètement le roi pour qu’ils lui rendent compte de la situation des provinces, les fonctionnaires chargés de remettre en mains propres certains s administratifs et les voyageurs qui se rendaient sur d’importants lieux historiques. À mi-chemin entre les première et deuxième portes, se dressait un pavillon où le gouverneur sortant de la province de Gyeongsang rencontrait son successeur lors de sa prise de fonctions et devant lequel se répandait l’eau provenant d’une cascatelle qu’affectionnaient poètes et artistes.
Passaient aussi par ce col de Mungyeong Sajae les envoyés du roi chargés de missions diplomatiques au Japon dans le cadre des efforts entrepris par les deux pays pour rétablir la paix entre eux malgré la blessure des invasions de 1592 à 1598. Composées de 400 à 600 personnes choisies parmi les plus érudites et cultivées que comptait le pays, ces délégations parties de la capitale devaient passer par plusieurs villes avant de franchir le col de Mungyeong Saejae, d’où elles gagnaient Busan et embarquaient à son port. Le gîte et le couvert leur étant offerts par les autorités locales, elles avaient instruction de changer d’itinéraire à leur retour afin de ne pas solliciter deux fois une même commune.
Lors de l’invasion japonaise de 1592, le gouffre situé près de la ville, alors qu’il aurait dû opposer un obstacle naturel, n’allait pas suffire à arrêter la progression de l’agresseur vers le nord.
La « route des lièvres », ou Tokkibiri, constitue la portion la plus raide de la Grande route de Yeongnam. Taillée dans un escarpement rocheux, cette voie est bordée par un abrupt au bas duquel coule le Yeong. La surface usée de ses pierres témoigne du grand nombre de voyageurs qui y sont passés au cours des siècles.
La voie des gens simples
Passé la troisième porte du col de Mungyeong Saejae et une succession de sommets rocheux, il faudra encore gravir un abrupt chemin long d’environ 90 km et pourvu, par endroits, d’escaliers aux nombreuses marches. Le promeneur parvient alors à une montagne qui s’élève à 1 026 mètres d’altitude et dont le col porte le nom de Joryeong, c’est-à-dire « des oiseaux ». Trois kilomètres plus loin, sur une hauteur, dite d’Ihwaryeong, il pourra constater par lui-même que les cours d’eau coulant vers Goesan se jettent dans le Han et ceux en direction de Mungyeong, dans le Nakdong.
Cette colline d’Ihwaryeong fut jadis semée de périls en raison de la présence en grand nombre de certains animaux, ce qui exigeait de ne s’y déplacer qu’en groupe. Seule voie à relier d’est en ouest les villes de Mungyeong et Goesan respectivement situées dans les provinces de Gyeongsang et Chungcheong, le chemin qui y serpentait devait exister depuis des temps anciens, quoique nulhistorique ne vienne corroborer cette hypothèse. À en juger par les témoignages de personnes âgées qui se souviennent y avoir vu, dans leur jeunesse, des voyageurs sac au dos et des marchands de bestiaux menant leurs troupeaux de boeufs, il est à supposer que cette partie du trajet constituait un détour en direction de Chungju.
Qui pouvait donc délaisser ce col de Mungyeong Saejae et son parcours sans danger doté de nombreuses installations pour en emprunter un qui nécessitait de toujours voyager à plusieurs pour des raisons de sécurité ? Personne, hormis peut-être de ces marchands ambulants qui préféraient les hurlements des bêtes sauvages aux menaces de policiers cherchant à se faire graisser la patte à la moindre occasion ? S’ils ne jouissaient guère de la considération du public, ces commerçants savaient faire preuve de solidarité et avancer en première ligne au péril de leur vie dès qu’une crise traversait le pays.
En 1925, c’est-à-dire sous l’occupation coloniale japonaise, le vieux col de montagne allait se voir agrémenter d’une route pavée reliant Yeongnam et sa région à la capitale. Réalisés successivement en 1994 et 2001, le percement du tunnel d’Ihwaryeong et la construction de l’autoroute intérieure de Jungbu allaient achever de le convertir en un paisible lieu de passage particulièrement prisé des randonneurs pédestres comme cyclistes.
Lequel des trois chemins de montagne de Mungyeong aimeriez-vous emprunter ?
Haute de 10,6 mètres, cette statue en granit de Maitreya se dresse au Mireuk Daewon, c’est-à-dire au grand monastère de Maitreya. Elle fait face à une pagode en pierre à cinq étages et de six mètres de hauteur.
Outre sa vocation religieuse, ce monastère, dont la construction remonterait au début de la dynastie Goryeo, assurait l’hébergement des voyageurs de passage.
Lee Chang-guyPoète et critique littéraire
Ahn Hong-beomPhotographe