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2024 AUTUMN

Une pharmacie de quartier qui se fait lieu d’échange

Relativement méconnu jusque dans les années 1960, le genre populaire traditionnel de la peinture dite minhwa a par la suite éveillé l’intérêt des collectionneurs et chercheurs, mais aussi suscité un regain de faveur dans le grand public. Aujourd’hui, sa pratique s’est répandue dans les loisirs et les concours, foires et galeries d’art le font toujours plus connaître et apprécier. Après s’y être initiée à titre de passe-temps, la professeure Shin Sang-mi y a acquis une véritable spécialisation et assure un enseignement en parallèle avec la création dans son atelier.

Shin Sang-mi s’épanouit pleinement dans son second métier de professeure de peinture traditionnelle populaire.

Morihwa, le nom de l’atelier qu’anime Shin Sang-mi avec le concours d’étudiants, tous passionnés de minhwa, correspond aux transcriptions phonétiques coréennes « mo », « ri » et « hwa » d’idéogrammes chinois qui signifient respectivement « inquiétude », « départ » et « peinture », leur association se traduisant ainsi par « peinture pour dissiper les soucis quotidiens ». Ce lieu est consacré à l’initiation au genre du minhwa, cette peinture populaire coréenne apparue sous le royaume de Joseon (1392-1910) et le plus souvent pratiquée par des artistes anonymes ne disposant d’aucune formation académique. Comme l’indique le vocable « min » de son nom, qui désigne « les gens du commun », les œuvres produites étaient destinées à agrémenter les logis les plus modestes et il est donc naturel que l’on y voie une forme d’art populaire dans son origine comme dans son emploi et sa diffusion.

Couche sur couche

Pour Shin Sang-mi, les jours diffèrent selon qu’elle dispense ou non ses cours et sont au nombre de trois dans les deux cas, le septième étant occupé par son apprentissage personnel.

Levée à environ sept heures, elle emmène sa fille à l’école, après quoi elle part en compagnie de ses deux chiens pour son lieu de travail, un studio de 69 mètres carrés situé près du palais de Gyeongbok, dans le centre historique de Séoul, ce qui ne lui prend qu’une dizaine de minutes.

« Au début, je me suis contentée de faire venir des gens du quartier pour leur donner des cours gratuits, et ce, pendant un an, puis j’ai décidé d’exercer cette activité à titre professionnel. Pour ce faire, j’ai loué un local où aménager mon studio. Comme il se trouve près du palais, son loyer est élevé, mais j’ai maintenant beaucoup d’élèves et de toutes les régions du pays », raconte Shin Sang-mi.

À son arrivée au studio, elle commence à se préparer et enfile son tablier après avoir rechargé sa voiture électrique, promené les chiens et arrosé les plantes. D’une durée de trois heures, son premier cours débute à 10 h 30 et se déroule selon un programme bien rempli.

« Au départ, il n’y avait que cinq tables, mais elles sont passées à huit. Les cours ont un effectif de huit élèves et se répartissent sur six sessions. Beaucoup de gens sont sur liste d’attente, impatients de s’inscrire dès qu’une place se libérera », explique-t-elle.

Dans la peinture minhwa, le fait de posséder ou non une formation artistique n’est pas d’une importance cruciale, car la plupart des œuvres sont créées à partir d’un dessin modèle, ce qui permet de choisir le sujet souhaité et de se concentrer sur l’application de la couleur. Tout en facilitant l’acquisition des rudiments de cet art, cette manière de procéder permet à tout débutant d’obtenir des résultats valables propres à l’encourager.

Siles peintres accomplis produisent indiscutablement des œuvres aux qualités artistiques supérieures, les débutants qui s’adonnent régulièrement à la pratique du

« La création d’une œuvre commence par la transformation de la peinture en poudre sous forme liquide à laquelle fait suite la coloration par couches successives. Ces opérations peuvent exiger plusieurs mois, mais, en prenant le temps de les exécuter patiemment, comme on pratiquerait la méditation, on ressent peu à peu l’envie de persévérer. Outre qu’il est à la portée de tous, cet art peut être apprécié par chacun. Mes élèves ne sont jamais déçus du temps passé dans mon atelier ».

Pour qui ne possède ni talent ni compétence particuliers, mais consent les efforts nécessaires, des résultats d’une certaine qualité peuvent être atteints assez rapidement. De plus, les moments passés à peindre exigent une concentration qui apporte sérénité et oubli des tracas de la vie quotidienne.

L’art et la manière de se simplifier la vie

Avant d’enseigner le minhwa, Shin Sang-mi a travaillé vingt ans dans une grande entreprise où elle créait des décors de papiers peints, de revêtements de sol et de films de protection pour meubles. C’est de cette époque que date sa découverte de l’art traditionnel populaire du minhwa.

« Au début des années 2000, il y avait une énorme demande de revêtements de sol en PVC aux motifs et couleurs variés. Ayant eu l’idée de créer un décor de papillons inspiré du minhwa, je me suis rapprochée d’un artiste dont c’était la spécialité », se souvient-elle.

« J’étais extrêmement motivée par mon travail, au point de sacrifier parfois mes dimanches sans que personne ne me le demande, mais il m’a fallu démissionner quand ma fille est tombée malade, il y a environ quatre ans de cela. La fin soudaine de l’activité professionnelle que j’exerçais tous les jours depuis des dizaines d’années m’a occasionné un stress considérable. Mon corps, mon esprit… tout était perturbé, alors je me suis dit : ça ne peut pas continuer comme ça, il faut que j’aille quelque part pour dessiner, des fleurs ou n’importe quoi d’autre. Je me suis donc lancée dans l’apprentissage du minhwa ».

La peinture s’avérant être d’un effet apaisant en lui faisant oublier soucis et obligations, elle allait s’y consacrer pleinement pendant un certain temps, puis, ayant fait le tour des différents sujets de minhwa travaillés au sein d’un premier atelier, elle a décidé d’en fréquenter trois ou quatre autres et a d’autant plus progressé dans cet art.

« Je ne suis pas de celles qui ont une vie casanière », explique Shin Sang-mi. « Dès lors que j’ai entrepris quelque chose, je donne tellement de ma personne que je m’expose à des ennuis de santé. Je cherche à faire de mon mieux et à être appréciée pour mon travail. La peinture m’a insufflé une énergie nouvelle et m’a permis de passer plus de temps avec ma famille, ce qui nous a été bénéfique à toutes deux ».

Ce que certains auraient mis dix ans à apprendre, la jeune femme l’a acquis en moins de trois. Il y a eu cette fois où l’idée lui est venue de décorer tout un paravent, un travail qu’elle a accompli en à peine trois mois, alors qu’il s’étale en règle générale sur toute une année. Ce premier paravent orné allait lui valoir d’être récompensée par le premier prix du Grand concours de peinture minhwa et, forte d’une nouvelle assurance, elle a ouvert un studio pour y dispenser des cours.

L’expérience qu’elle avait acquise lors de sa précédente activité allait se révéler utile dans celle de peintre de minhwa, car, en vingt ans de travail sur des compositions rouges, jaunes et bleues destinées à des articles du commerce, elle s’était, sans le savoir, préparée à son nouveau rôle.

« Je me suis spécialisée dans la création de couleurs. Dans le minhwa, les couleurs ne sont pas limitées à une palette donnée et, sur une même œuvre, elles peuvent donc être totalement différentes selon l’artiste ou le studio. Chacun recherche une palette qui lui soit propre en essayant de nombreuses combinaisons. D’aucuns pensent qu’un recours audacieux aux obangsaek [les cinq couleurs traditionnelles bleue, blanche, rouge, noire et jaune représentant les cinq points cardinaux coréens] est indispensable dans l’art du minhwa, mais, en ce qui me concerne, je préfère généralement des tons plus neutres appelés gansaek. Les pièces en obangsaek sont certes du plus bel effet dans l’habitat coréen traditionnel, mais je trouve qu’elles s’accordent moins bien avec les intérieurs modernes. Le paravent que j’ai présenté au concours de minhwa était en fait la plus sombre de toutes les œuvres exposées. Ces temps-ci, je fais un peu une fixation sur le jaune et le moutarde atténués ».

Tous les mardis, Shin Sang-mi elle-même, aux côtés d’une dizaine de personnes, suit le cours de minhwa que dispense un maître de cet art de onze heures du matin à cinq heures de l’après-midi.

« Le jour de la remise des prix du concours, les maîtres les plus âgés étaient tous assis au premier rang et l’un d’eux ressemblait beaucoup à mon père. Je suis allée le voir et je lui ai dit : « S’il vous plaît, acceptez que je sois votre élève ». Dans la peinture minhwa, la moindre fleur, le moindre papillon ont une signification précise, alors, plus on peint, plus on veut en apprendre davantage à ce sujet. Quand j’assiste au cours de mon maître, chaque semaine, nous faisons des pauses pour manger et boire un peu de makgeolli ».

Une source de satisfaction

En dehors des heures de cours, Shin Sang-mi évite de se rendre à son atelier.

« Au début, je voulais y peindre moi aussi, mais, quand j’ai eu l’impression d’aller au bureau, j’ai préféré rester chez moi pour réaliser mon travail personnel. Depuis que je possède un atelier et que j’enseigne, ma pratique de la peinture a évolué. Je me soumets moi-même à trop de pression pour arriver à un résultat parfait, alors j’ai moins plaisir à peindre qu’autrefois. En revanche, je trouve beaucoup plus gratifiant de conseiller les élèves et de les voir progresser ».

L’effectif d’un cours se compose le plus souvent de femmes d’une quarantaine d’années qui, lorsqu’elles ont pris place autour des tables et y ont posé le matériel nécessaire, travaillent sans relâche tout en échangeant sur différents sujets. Elles mettent à profit ces trois heures qu’elles ne voient pas passer pour s’accorder un répit dans leurs activités quotidiennes et chasser le stress.

Une comparaison des œuvres réalisées par les étudiants de Shin Sang-mi montre que, bien qu’ayant travaillé sur un même sujet, ils en livrent chacun une représentation qui leur est propre, ce qui s’explique par leurs goûts et choix de couleurs particuliers.

« Quand je travaille seule, je fais vraiment le vide dans mon esprit. Quand je suis en congé, je vaque à mes occupations des heures durant et ne me mets à peindre que le soir, puis, soudain, voilà que je cligne des yeux et qu’il est presque l’aube. Je compte parmi mes élèves ma mère aujourd’hui septuagénaire. Tout un chacun peut apprendre, quel que soit son âge, et la qualité des premières œuvres, quoique produites en amateur, n’en sera pas moins fidèle aux principes du minhwa », déclare Shin Sang-mi.

Le bonheur qu’éprouvent ses élèves en peignant lui apporte la plus grande satisfaction, un sentiment qu’il ne lui avait jamais été donné de connaître dans le travail en entreprise. S’il lui faut veiller parfois jusqu’à trois ou quatre heures du matin, dormir à peine et manger peu les jours où elle dispense neuf heures de cours, elle remercie le destin qui l’a fait s’engager dans une nouvelle voie et tous les gens qui effectuent de longs trajets pour venir suivre ses cours.

« Mon père est décédé il n’y a pas très longtemps. En ce moment, je travaille sur un tableau que je veux lui dédier pour honorer sa mémoire. J’utilise le bleu et mon jaune moutarde préféré ».

Hwang Kyung-shin Écrivaine
Han Jung-hyun Photographe

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