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2024 SPRING

Une capsule temporelle de l’architecture moderne

Par son architecture, le quartier d’Euljiro offre un tel condensé de l’histoire moderne de Séoul qu’il semble une capsule temporelle, avec ses petits ateliers, ses ensembles résidentiels et commerciaux et ses imposantes tours abritant des bureaux qui en ont fait un centre d’activité implanté au cœur de la capitale.
Intersection Euljiro 3-ga

Le quartier est constellé d’immeubles commerciaux en béton édifiés dans les années 1950 et 1960 avec la contiguïté qui convenait aux normes architecturales d’alors, le carrelage des façades étant également caractéristique de cette époque. ⓒ Park Yong-jun


L’artère principale à six voies nommée Euljiro parcourt d’est en ouest l’arrondissement de Jung situé dans le centre de Séoul, à partir de l’autel de Hwangudan élevé dans un parc sous l’Empire coréen (1897-1910), et elle prend fin dans le quartier de Sindang-dong, plus précisément au niveau du lycée technique de Hanyang. Plus simplement, il suffit de savoir qu’elle commence près de l’hôtel de ville de Séoul et s’achève à la Dongdaemun Design Plaza, ce centre du design d’avant-garde aussi appelé par le sigle DDP. Parallèlement à cette voie de communication, coule, au nord, le Cheonggye, un ruisseau long de onze kilomètres, l’important quartier commercial de Myeong-dong la bordant quant à lui au sud. Enfin, il faut savoir que, pour les habitants de la capitale, le nom d’Euljiro qui la désigne englobe aussi les quartiers environnants. Si l’ensemble qu’ils forment frappe dans un premier temps par ses tours orgueilleuses, l’observateur attentif s’aperçoit rapidement qu’il se compose en fait d’une mosaïque de constructions différant par leur architecture. Les grands immeubles de verre et d’acier y côtoient encore des bâtiments datant des années 1950 ou 1960 et d’anciens ateliers aux toits de tôle, le tout illustrant les évolutions d’un quartier commercial particulièrement dynamique.


L’alliance de différentes architectures

La naissance de la rue d’Euljiro remonte au royaume de Joseon (1392-1910), époque à laquelle elle appartenait au secteur dit de Myungcheol-bang, une subdivision administrative qui fut créée quand le pays prit Séoul pour capitale. Sa situation exceptionnelle, à proximité des grands palais royaux, la destinait à compter parmi les centres névralgiques de la ville.

Dans les derniers temps de la période de Joseon, Euljiro connut une grande prospérité qui allait se poursuivre sous la domination coloniale japonaise (1910-1945) et qu’attesta la construction de l’immeuble à deux étages dit Gwangtonggwan, lequel abritait la banque Daehan Cheonil Bank aujourd’hui connue sous le nom de Woori Bank. Classé monument historique par la Ville de Séoul en 2002, il n’en demeure pas moins ouvert aux clients de la banque, ce qui en fait, dans ce domaine, le plus ancien de Corée encore en exploitation.

Daeil situé

L’agence de design DMP a réalisé la rénovation de l’immeuble Daeil situé à Euljiro 2-ga au moyen de matériaux de finition durables fournis par l’un des premiers producteurs coréens de verre afin de l’harmoniser avec ceux du célèbre immeuble Gwangtonggwan datant de 1909.
ⓒ Yoon Joon-hwan

En 1925, le stade de Gyeongseong, qui allait plus tard être connu sous le nom de stade de Séoul, puis de Dongdaemun, fut inauguré à l’emplacement exact de ce qui est aujourd’hui la Dongdaemun Design Plaza. Lorsque, en 2012, l’ancien hôtel de ville de Séoul finit par rouvrir ses portes et que les services municipaux prirent place dans un nouveau bâtiment de treize étages parfaitement intégré à son cadre, la construction d’origine accueillit la bibliothèque métropolitaine de Séoul. C’est ainsi qu’aujourd’hui encore, la capitale coréenne continue de se doter d’infrastructures d’envergure aux deux extrémités de l’artère d’Euljiro.

À l’aube du XXe siècle, allaient apparaître les premières constructions de style occidental dans une zone située de part et d’autre d’Euljiro 2-ga, qui constitue la portion la plus animée de l’artère. Parmi elles, se trouvait l’actuel immeuble de la Korea Electric Power Corporation, qui fut édifié en 1928 à l’entrée de Myeong-dong et représenta un tournant dans l’architecture commerciale de l’époque, avec ses cinq étages robustes, sa structure résistante au feu et aux séisme, ainsi que le premier des ascenseurs réalisés en Corée, un style de bâtiment qui allait peu à peu se répandre le long de la rue.

Les années 1930 furent marquées par une vague de chantiers portant sur des immeubles commerciaux en béton pourvus de deux ou trois étages. Puis, dans l’après-guerre et jusque dans les années 1960, la Corée allait entreprendre un effort massif de reconstruction dont témoignent aujourd’hui encore les nombreux bâtiments qui bordent les tronçons de rue d’Euljiro 3-ga et 5-ga en un alignement si dense que moins de cinquante centimètres les séparent parfois.

Nombre d’entre eux présentaient la particularité d’être pourvus d’un toit de tuile, le recours caractéristique à ce matériau, aujourd’hui rare, témoignant du passé architectural des lieux. Le quartier d’Euljiro 3-ga offre un remarquable contraste frappant entre ces modestes constructions et le luxueux immeuble aux murs de verre qui dresse fièrement ses vingt-cinq étages à leurs côtés. Par la diversité de ces styles datant de différentes périodes, le quartier d’Euljiro fournit ainsi un condensé vivant de l’histoire de l’architecture moderne coréenne.


 Le quartier est constellé d’immeubles commerciaux en béton édifiés dans les années 1950 et 1960

Le quartier est constellé d’immeubles commerciaux en béton édifiés dans les années 1950 et 1960 avec la contiguïté qui convenait aux normes architecturales d’alors, le carrelage des façades étant également caractéristique de cette époque.
ⓒ Park Yong-jun

Un premier ensemble résidentiel doté de commerces

Prototype de grande résidence abritant un centre commercial, le Sewoon Plaza représente un important jalon du développement économique coréen de l’après-guerre. Réalisé en plusieurs tranches, entre 1966 et 1968, sur les plans de Kim Swoo-geun (1931-1986), une sommité de l’architecture moderne coréenne, il se composait à l’origine de huit bâtiments qui portaient le plus souvent le nom de leurs constructeurs et s’étendaient sur pas moins d’un kilomètre, du sanctuaire de Jongmyo au mont Nam. Sept d’entre eux subsistent à ce jour, le premier à avoir été achevé, dit Hyundai Mall Apartments, ayant été démoli en 2009.

Comme son nom l’indique, le Sewoon Plaza portait en lui l’aspiration à « concentrer toutes les énergies du monde », une ambition qui allait se manifester en consacrant ses niveaux inférieurs à un commerce spécialisé dans l’électronique et les machines-outils, tandis que nombre de cafés et restaurants venaient s’implanter parmi ces magasins. Aux étages supérieurs, ils faisaient place à de luxueux logements disposant du chauffage central, de baignoires et d’ascenseurs, rares étant alors les Coréens qui bénéficiaient d’un tel niveau de confort. À cela s’ajoutaient un golf intérieur, un sauna et même une école primaire : autant d’éléments qui faisaient du Sewoon Plaza une réalisation prestigieuse et emblématique de la capitale, de là le dicton qui affirmait : « Qui a vu le Sewoon Plaza, a vu Séoul. »

Sur les huit bâtiments constitutifs de cet ensemble, celui que réalisa l’entreprise du bâtiment Daelim reproduisit fidèlement la démarche artistique de Kim Swoo-geun, un adepte du structuralisme. Divisé en trois parties bien distinctes qui sont le rez-de-chaussée, les niveaux intermédiaires dotés de balcons couverts et les étages résidentiels supérieurs, il offre un accès indépendant à chacun d’eux. Au rez-de-chaussée, s’expriment d’originales idées de conception telles que l’accès par un unique escalier ou les sveltes et élégantes colonnes en béton qui participent d’une remarquable esthétique d’ensemble. Les fragments de poterie épars sur les parois du balcon évoquent la rudesse du brutalisme alors très en vogue au Royaume-Uni.

Le déclin de Sewoon Plaza allait s’amorcer après la création d’un nouveau marché de l’électronique dans l’arrondissement de Yongsan, en 1987, et le déplacement du centre de gravité du commerce de l’électronique loin d’Euljiro. Devant la baisse continuelle de son activité, la municipalité alla jusqu’à projeter un temps de le faire raser, puis, se ravisant, elle optera pour la mise en œuvre de mesures de relance en vertu desquelles le Sewoon Plaza allait être concerné par un projet de réhabilitation de l’habitat urbain. Sous le nouveau nom de Makercity Sewoon qu’il allait prendre en 2017, il a subi différentes transformations en vue d’accueillir des entrepreneurs des secteurs créatifs. Les marchands des magasins d’électronique y ont poursuivi leurs activités tout en trouvant à se loger sur les lieux, de sorte que l’ensemble du dispositif allait ainsi contribuer à la défense du patrimoine économique de la ville. Voilà peu, les pouvoirs publics ont lancé un nouveau plan d’urbanisme visant à démolir cet ensemble pour créer un parc.

 du Jinyang Plaza

À leur cinquième étage, tous les bâtiments du Jinyang Plaza comportent une cour intérieure rectangulaire qui délimite le premier niveau résidentiel. L’atmosphère particulière qui se dégage de cet espace témoigne de l’esprit d’avant-garde de l’architecte Kim Swoo-geun.
ⓒ Lee Kyung-hwan

Les gratte-ciels emblématiques

Dans les années 1970 et 1980, la zone s’étendant de l’hôtel de ville à la station Euljiro 1-ga allait être le théâtre d’une importante évolution avec la construction de plusieurs hôtels de luxe, suivis de nombreux immeubles du secteur bancaire. Ils allaient composer un centre d’activités financières délimité au sud par le siège social de la Banque de Corée et, au nord, par l’immeuble Gwangtonggwan.

Au nombre de ces constructions, se trouve l’Eulji Hankuk Building, une tour de bureaux de vingt étages surmontant quatre niveaux situés au sous-sol. Achevée en 1986, elle demeure un remarquable spécimen de l’architecture de l’époque, avec sa façade-rideau qui lui confère une allure résolument moderne, tandis que les murs latéraux confèrent un aspect de solidité grâce à leur habillage de granit. La construction qui en résulte comporte en son centre un retrait dans lequel viennent s’insérer des balcons qui participent de l’allure pleine d’audace et d’originalité de l’ensemble. Derrière cet espace situé au dixième étage, se trouve le « Sky Plaza », un lieu consacré aux expositions.

Entre les stations de métro Euljiro 1-ga et Euljiro 2-ga, s’étend une étroite bande de terrain qui, si elle ne dépasse pas quelques centaines de mètres de longueur, a subi d’énormes transformations sous l’effet d’ambitieux plans d’urbanisme successifs. Au fil du temps, elle allait voir sa densité démographique s’élever avec l’apparition de majestueuses tours de verre et d’acier au nombre desquelles se trouve la tour Ferrum inaugurée en 2010, laquelle s’avère être d’une conception unique en son genre. Composée de vingt-huit étages et de six niveaux souterrains, elle présente une architecture faisant appel à des figures hexaédriques et à des lignes obliques qui modifient son apparence selon l’angle auquel on l’observe. D’un aspect extérieur moderne et traversé de diagonales, l’immeuble capte et entremêle les images des bâtiments voisins sur ses surfaces réfléchissantes où s’animent ainsi autant de fresques murales différentes. La forme originale de son toit crée une silhouette dont les contours particuliers se profilent à l’horizon et font aussitôt reconnaître cette construction.

Par-delà les quartiers limitrophes de l’artère d’Euljiro, le paysage de la capitale s’agrémente d’autres joyaux architecturaux, dont la cathédrale de Myeongdong, de style gothique, ou l’église presbytérienne de Youngnak, qui fut le premier des temples protestants coréens à accueillir une importante congrégation de fidèles. Ces deux lieux de culte dont les chantiers s’achevèrent respectivement en 1898 et 1950 témoignent de la diversité qui caractérise l’architecture de la capitale. Plus au nord, le siège social de l’entreprise Hanwha, qui fut réalisé en 1987 et rénové à la fin des années 2010, apporte à cet ensemble une dimension écologique par sa façade équipée de panneaux solaires. Cette construction atteste que la ville a résolument entrepris de réinventer son architecture pour l’adapter aux exigences du monde contemporain, notamment en termes de protection de l’environnement.

la tour Ferrum

Située non loin de la station Euljiro 1-ga, la tour Ferrum, emblème du dynamisme entrepreunarial, présente un aspect changeant selon l’angle sous lequel on l’observe. Conçue par Gansam Architects & Partners, elle allait valoir à ceux-ci d’être primés aux Korean Architecture Awards et Seoul Architecture Awards de l’année 2011.
ⓒ Gansam Co., Ltd.

YIM Seockjae Professeur au Département d’architecture de l’Université féminine d’Ewha

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